Sauvez Internet, adoptez un journaliste (évolution des médias – 1)
Cette semaine, un article de Xavier Ternisien paru dans Le Monde a fait grand bruit. Par pure coïncidence, j'avais commencé avant sa parution à écrire un billet sur le rapport des journalistes old-style avec le Net. Je regroupe donc ma réaction à l'article du Monde à ma réflexion et, pour que ça ne soit pas trop riche, je vous le livre en deux parties.
Première partie donc : "Sauvez Internet, adoptez un journaliste" ou comment certains journalistes semblent prendre plaisir à passer pour des vieux cons.
Internet est un média trop récent pour que nos journalistes aient compris comment ça marche. C'est pourquoi, aujourd'hui, je vous propose de participer à ma grande campagne "Sauvez Internet, adoptez un journaliste".
C'est toujours pire quand c'est sur Internet
« Thomas passe des heures à jouer à des jeux vidéo... des jeux vidéo sur Internet »
« Attention aux petites annonces pour les locations de vacances, certaines cachent de vraies arnaques ! On les trouve dans les journaux gratuits mais surtout... sur Internet... »
« L'alerte est donnée : des sectes se cachent souvent derrière la formation professionnelle. On trouve souvent leurs offres sur Internet. »
Ceci est un petit bouquet des absurdités que j'ai entendues aux infos, ces derniers jours. Vous l'avez compris, les journalistes ne parlent d'Internet que pour souligner comme le fait est grave ou comme c'est un terrain empoisonné.
Ami journaliste, viens, n'aie pas peur !...
Ami journaliste, je sais que tu aimes ce gros concept bateau si complaisant. Internet, c'est le terrain du mal, pardon, du Mal. Plutôt que de chercher ce qu'il pourrait y avoir de si mal, c'est bien plus confortable de tenir ce fait pour acquis : Internet, c'est le Mal.
Je le répète à nouveau ou vous vous sentez un peu journaliste convaincu déjà ?... Bon, OK, c'est bien parce que c'est vous : Internet, c'est le Mal.
Non ? Toujours pas ?... C'est drôle, moi non plus, ça ne me le fait pas. :)
Donc, peut-être, je ne sais pas, hein, j'imagine, peut-être qu'Internet, et bien, peut-être que ce n'est pas si néfaste que ça ? Peut-être, peut-être...
Qu'est-ce qui fait si peur à nos amis, les journalistes à l'ancienne ?
On le sait, les réactions de rejet sont dues le plus souvent à la peur. Personne n'hésite à dire qu'il déteste les araignées (ou les serpents, ou les chiens, ou...) parce qu'il en a peur, mais très peu de gens acceptent de reconnaître qu'ils ont peur de certaines personnes en raison de leur couleur de peau, de leur pays d'origine ou de tout autre critère. La xénophobie ne s'appelle pas ainsi par hasard, pourtant !
Internet est un domaine, un univers, un média ou un ce-que-vous-voulez très récent. C'est énorme, ça ne ressemble à rien de ce que l'homme a connu par le passé, les frontières et la distance sont abolies, je comprends très bien que ça puisse effrayer certaines âmes sensibles.
Sauvez Internet, adoptez un journaliste
Plutôt que de nous moquer des journalistes qui ont peur d'Internet et le diabolisent, je vous propose donc de participer à la campagne "Sauvez Internet, adoptez un journaliste" ("Save Internet, adopt a journalist" pour ceux qui relayeront la campagne à l'étranger). Concrètement, comment ça se passe ? Nous aurons, d'un côté, les parrains que l'on reconnaîtra facilement à ce qu'ils porteront un badge avec un logo bien identifiable (voyez ma proposition ci-contre), de l'autre, les journalistes à l'ancienne en recherche de guide. Si vous êtes un parrain, portez ce badge et, chaque fois que vous rencontrerez un journaliste internetophobe, écrivez-lui (ou au média qui l'emploie) pour lui proposer de l'aider à appréhender Internet. Si vous êtes un journaliste, cherchez une personne qui portera un badge ou laissez-moi un mot dans les commentaires, là, juste en-dessous de ce billet et je vous mettrai en contact avec un parrain près de chez vous.
Démonstration de l'utilité de cette grande campagne humanité avec la seconde partie de ce billet
Photo : CraigJ sur Stock Xchng
[Copyright : Delphine Dumont - Tous droits réservés]
Depuis que je surfe sur Internet, mon karma a noirci. Encore un peu, et Lucifer m'accueillera à bras ouvert.
Depuis que j'ai Internet, je sacrifie des canards tous les matins. C'est mal mais ça soulage.
Aujourd'hui, j'ai encore acheté un pancho sur Internet. Le danger m'a procuré une délicieuse montée d'adrénaline. Je crois que je suis devenu accro.
...
Tout soudain, j'ai peur...
C'est bien. La peur mène à la colère. La colère, à la haine. Et la haine mène à la souffrance du côté obscur d'Internet.
En tout cas, si ce Xavier voulait tester la réactivité et l'opiniâtreté des journalistes web, il est servi.
Non, c'est le pancho qui me fait peur. Je suis panchophobe.
(et Xavier Ternisien, c'est pour le billet suivant, gardes-en sous le coude ! ;D)
J'ai de l'huile de coude à revendre. Je vais lire ça.