L'euthanasie et ses limites
Par Delphine Dumont, mardi 8 avril 2008 à 20:06 :: Tous concernés :: #907 :: rss
Parfois, il y a des sujets qui me touchent brutalement, trop pour que je puisse me faire une opinion ferme et définitive. Je lis et j'écoute ce qui s'en dit mais cela ne fait bien souvent que renforcer mes doutes. Récemment, le sujet de l'euthanasie est revenu dans l'actualité avec la supplique de Chantal Sébire, puis sa fin solitaire. J'ai laissé passer les jours sans que cela m'aide à y voir clair.
L'euthanasie est un sujet grave, cela concerne des personnes en souffrance physique ou/et morale profonde. Personne n'est égal face à la souffrance, on ne peut imaginer ce que ressentait réellement Chantal Sébire dans sa chair et dans son esprit, on ne peut qu'utiliser ce qu'on a connu pour tenter de se le représenter et on a faux, forcément.
Cette femme était condamnée par la médecine, son visage atrocement déformé et ses douleurs impossibles à soulager nous rappelaient qu'on ne guérit pas de tout et que la nature peut encore gagner. C'est en celà, je crois, qu'elle a suscité un tel émoi dans la population. Chantal Sébire nous rappelait à tous notre vulnérabilité et les limites de notre système de santé.
Peu de gens ont réellement pensé à Chantal Sébire, ils ont plutôt pensé "qu'aimerais-je pour moi dans la même situation ?". Bien sûr, personne ne veut connaître le même drâme et avoir l'espoir qu'un médecin compatissant ouvrira une porte de sortie, c'est très rassurant. Pour autant, permettez-moi cette lapalissade, personne ne peut savoir ce qu'il ressentira tant qu'il n'est pas en situation réelle. La demande de légifération n'était donc pas basée sur un besoin réel, mais sur une crainte, ce n'était pas une réponse qui était attendue, mais un parapluie ou un gri-gri.
Je ne doute pas de la détresse de Chantal Sébire et je m'interroge souvent sur le fait que notre société n'ait pas eu de réponse à lui donner. Je ne crois pas que l'euthanasie soit la réponse, juste une réponse. Mais comment être sûr de la sincérité et de la permanence de la demande ? Le moral d'une personne qui souffre intensément est fragile, comment faire la différence entre des demandes, même réitérées, émises pendant une période de déprime et des demandes indépendantes de toute variation d'humeur ? Comment savoir si c'est ce que désire profondément et intensément le malade ou s'il pense que "c'est le mieux" pour son entourage ?
Il y a trop d'inconnues dans cette équation pour qu'une loi puisse éviter les risques de dérives. Rien que pour cela, je suis opposée à la légalisation de l'euthanasie à court terme, légiférer dans l'urgence de l'émotion ne peut rien apporter de bon. Je ne suis pas opposée du tout au concept d'euthanasie, je trouve juste que les risques de dérive sont tellement énormes qu'il convient de laisser mûrir les éventuels projets de loi qui s'y rapporteraient.
Mais à peine en suis-je venue à cette sage conclusion que je repense à tous les malades arrivés au même stade que Chantal Sébire et à qui on ne peut rien proposer, et aussitôt, je tourne et retourne la question dans ma tête...
Pour commenter ce billet, merci de venir sur mon blog.
Sauf indication contraire, tous les droits sur ce contenu sont réservés.
Vous avez aimé ce billet ?
Faites-le connaître en votant pour lui sur Wikio :
Technorati Tags : euthanasie, maladie, fin de vie
Commentaires
1. Le mercredi 9 avril 2008 à 02:42, par
Rikko
2. Le mercredi 9 avril 2008 à 10:36, par
Delphine Dumont
3. Le mercredi 9 avril 2008 à 13:00, par
Rikko
4. Le mercredi 9 avril 2008 à 14:03, par
Wiiiizzzz
5. Le mercredi 9 avril 2008 à 19:45, par
PMB
6. Le mercredi 9 avril 2008 à 19:57, par
Rikko
7. Le samedi 12 avril 2008 à 12:04, par
koz
8. Le samedi 12 avril 2008 à 14:49, par
Delphine Dumont
9. Le samedi 12 avril 2008 à 19:55, par
Rikko
10. Le dimanche 13 avril 2008 à 13:49, par
Delphine Dumont
Ajouter un commentaire